5 facts à connaître sur Michel Barnier, Premier ministre nommé par Emmanuel Macron

undefined 5 septembre 2024 undefined 17h30

Flora Gendrault

Il aura fallu 51 jours à Emmanuel Macron pour choisir un successeur à Gabriel Attal, et celui-ci s’est finalement dirigé vers Michel Barnier. Une décision qui a de quoi surprendre les électeur·ices : l’homme politique n’est pas issu du Nouveau Front Populaire, mouvement sorti majoritaire des élections législatives, mais bien des Républicains, qui n’a récolté que 6,7% des voix. Voici ce qu’il faut savoir sur ce ténor historique de la droite. 


1. Il est le plus vieux premier ministre de la Ve République 

À contre courant de la proposition du NFP de nommer Lucie Castets, Emmanuel Macron ne s’est pas porté sur une personnalité inconnue du grand public, mais plutôt sur un vieux loup de la politique française, milieu dans lequel Michel Barnier est entré il y a près de 50 ans. Le nouveau Premier ministre n’est donc pas, à l’image de son prédécesseur Gabriel Attal (35 ans), l’un des plus jeunes de la Ve République, mais au contraire le plus vieux que le régime ait connu : il est âgé de 73 ans


2. Il a été quatre fois ministre

Le jeu politique, ça le connaît, et si Michel Barnier n’a jamais formé de gouvernement auparavant, il a vécu une longue expérience en tant que ministre. Il commence la politique à 22 ans en tant que conseiller général de Savoie pour le canton de Bourg-Saint-Maurice (1973-1999). Il est par la suite élu député de la Savoie à l’issue des élections législatives de 1978, et devient le plus jeune député dans l’hémicycle. 

Après 15 ans de députation, il entre au gouvernement en tant que ministre de l’Environnement au sein du gouvernement d’Édouard Balladur. Un poste qu’il occupera trois fois de plus, dans différents domaines : de 1995 à 1997, il est ministère délégué aux Affaires européennes au sein du gouvernement Jacques Chirac, puis ministre des Affaires étrangères dans le troisième gouvernement de Jean-Pierre Raffarin en 2004, et enfin ministre de l’Agriculture au sein du gouvernement de François Fillon entre 2007 et 2009. 


3. Il s’est positionné contre la dépénalisation de l’homosexualité en 1981 

Fait tristement ironique quand on sait que le parti le plus progressiste en matière de droits sociaux du paysage politique était arrivé en tête des législatives (spoiler : le NFP). Michel Barnier, député de la 2ᵉ circonscription de Savoie à l’époque, avait voté contre la dépénalisation de l’homosexualité en 1981. Une information confirmée par nos confrères de TF1, lesquels ont retrouvé une archive qui contient les différents votes effectués ce jour-là dans l’hémicycle. L'opposition a immédiatement dénoncé cette position, et notamment Jean-Luc Mélenchon : « Il a voté contre la décriminalisation de l'homosexualité. Quel est le sens d'un tel message ? », s’est interrogé le leader de La France Insoumise dans les premières ministres suivant sa nomination. 

Dans la même veine, l’homme politique avait également plaidé pour un « moratoire » de trois à cinq ans sur l’immigration lors de la primaire organisée au sein des Républicains en vue de désigner un candidat à la présidentielle en 2022, et milite pour une retraite à 65 ans. On comprend mieux pourquoi le RN n’est pas sûr de le censurer


4. Certain·es le surnomment « Monsieur Brexit » 

C’est l’un des postes pour lesquels il a le plus fait parler de lui : Michel Barnier a été l’artisan de l’accord entre le Royaume-Uni et l’Union européenne pour l’après-Brexit. Il a été applaudi à Bruxelles pour avoir paver la voie (durant quatre ans) à la signature d’un accord de 1500 pages régissant les relations européennes et britanniques dès 2021. Certain·es le surnomment ainsi « Monsieur Brexit », même si, en raison de son âge et des rumeurs pointant une relative sénilité, d’autres se contentent de l’appeler le « Joe Biden Français ». On ne se positionnera pas dessus, même si on a notre petite idée suite au témoignage de l’une de nos journalistes. 


5. Il a plusieurs fois critiqué la politique menée par Macron 

Fait ironique supplémentaire, Michel Barnier se retrouve à devoir collaborer avec Emmanuel Macron, tout en ayant fermement critiqué sa politique, et ce à de nombreuses reprises. En effet, après les résultats des élections législatives de 2022, où le camp présidentiel a perdu sa majorité absolue à l'Assemblée nationale, Michel Barnier soutenait que « le macronisme, ce pouvoir central adepte du 'en même temps' qui a voulu tout effacer entre lui et les extrêmes, a vocation à disparaître en 2027 ». Plus récemment, celui-ci estimait que le lendemain des élections européennes de 2024 serait « le premier jour du reste de la macronie ». En outre, Michel Barnier affirmait ne pas être candidat aux élections européennes pour « renouveler les visages et rajeunir les idées ». Des engagements qui n’ont pas résisté à la quête de pouvoir toujours plus marquée des politiciens français.