Le Bonbon

Les péniches culturelles du canal de l'Ourcq risquent de faire naufrage

Les mythiques péniches culturelles qui bordent les quais de la Seine menacent de faire naufrage. Oui, celles qui bercent nos dimanche après-midis ensoleillés d'été. Malgré la tempête, l'équipage a enfilé son chapeau marin pour riposter. A l'abordage !

Pour peu que vous ayez déjà foulé le sol qui borde le canal de l’Ourcq, vous ne les avez sûrement pas manquées. Amarrées à quai depuis 2008 et 2010, ces deux péniches emblématiques sont des lieux de rencontres artistiques en accès libre. La péniche cinéma projette des courts-métrages (à peu près 350 par an) et des événements autour de cinéastes et de producteurs. Le Festival du Film Merveilleux y effectuait notamment un passage en 2010. La péniche Anako, également consacrée à l’art, diffuse concerts, pièces de théâtre, films et expositions. Le pianiste franco-iranien Arshid Azarine s'y est notamment produit.


Les moussaillons qui y naviguent

Pour certains habitants de la rive droite, ce sont de véritables entités. Certains disent y avoir célébré le baptême de leurs enfants ou leur mariage. Pour d’autres, ce sont des pépites comme il en existe peu à Paris et de véritables expériences artistiques. Un visiteur raconte que la péniche Anako fut une de ses « meilleures expériences de cinéaste. Au-delà du fait que c'est un lieu d'effervescence artistique, au cadre unique, c'est aussi et surtout son public, son audience et son histoire, qui la place au cœur de la vie culturelle parisienne ». Pour les touristes, enfin, elles font partie de ce qui constitue le charme de Paris, sa renommée.


Les remous

Pourtant, fruits des chamboulements de la ville, les péniches naviguent actuellement sur une eau agitée. Elles menacent de lever l'ancre après un appel à candidature de la Mairie de Paris. Elle pourraient en effet être remplacées très prochainement par de nouveaux lieux. On retrouverait notamment une antenne de la Bellevilloise et une épicerie flottante appartenant au groupe Carrefour, alléchées par le lieu prisé. 


Le bassin de La Villette, d’hier à aujourd’hui

Pourtant, avant de connaître ce grandiloquent succès, le bassin de la Villette fut très peu convoité. Comme l’explique le blog de la péniche Cinéma, le territoire était malfamé et insalubre, à cause notamment de la désindustrialisation subie par la zone. C'était un repère de junkies et de prostituées. L’endroit était même qualifié (de manière un peu abusive, il faut bien l’admettre) de « no-go-zone » par certains médias Américains, Fox News en tête.


Quand la Villette sortait la tête de l'eau

En 2000, des visionnaires miseront pourtant sur le bassin de la Villette. Marin Karmitz, fondateur de la société MK2, est le premier à prendre le risque et y installe un MK2 dans les années à l'orée du nouveau millénaire. Les premiers bars et restaurants suivent ensuite. Peu à peu, le bassin de la Villette devient celui que l’on connaît maintenant : un endroit où l’on peut à la fois flâner, boire une bière et se nourrrir d'un peu de culture.


De l'importance des péniches culturelles

Franck Delrieu, responsable de la péniche Cinéma, explique les bienfaits de l'installation de lieux culturels dans ce secteur, y compris pour les résidents du quartier : « Toutes nos projections sont en accès libre. Elles attirent un public jeune, friand d’images, celui-là même qui a du mal avec la culture avec un grand C ». Grâce à eux, ces « groupes ethniques un peu rares » ont un accès gratuit et décomplexé à l'art.


Tous sur le pont !

Mais cet accès est remis en jeu. Alors, pour parer la tempête, les deux péniches ont lancé des pétitions. On peut retrouver celle de la péniche Cinéma ici. Plus de 1 500 signatures ont déjà été récoltées en moins de 24 heures. Et on peut retrouver celle de la péniche Anako . Le dimanche 3 septembre, une action artistique sera également menée. Quelques concerts et autres festivités y auront lieu. Comme d'habitude, l'entrée est libre. On se retrouve sur le pont ?