Gouvernement Barnier : la liste des ministres est sortie, et la communauté LGBT s’inquiète

undefined 23 septembre 2024 undefined 17h30

Flora Gendrault

Le gouvernement vire dangeureusement à droite. Samedi 21 septembre, Michel Barnier a enfin dévoilé les nouvelles figures de son gouvernement, après deux semaines de vadrouille et discussions pour constituer son équipe. La France se retrouve ainsi avec 39 ministres et secrétaires d’État issus d’une alliance entre la Macronie et Les Républicains, certain·es reconduit·es, d’autres novices, dont 1/4 ont déjà reculé devant l’adoption de droits sociaux pour toutes et tous. Ce qui n’a pas manqué d’alarmer la société civile. 


Des positions homophobes, transphobes, anti-IVG… 

Alors qu’il était déjà reproché à Michel Barnier, lors de son investiture, d’avoir voté contre la dépénalisation des personnes homosexuelles en 1982, la gangrène anti-progressiste qui touche le chef du gouvernement semble avoir contaminé ses membres. Pour mener la politique de la France, ce ne sont pas un, pas deux, mais bien une dizaine de ministres qui ont déjà adopté des postures homophobes, transphobes ou pro-vie.

Il ne suffit pas de dénoncer la tendance, encore faut-il les nommer : le nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau – président du groupe Les Républicains au Sénat – s’est prononcé pour l’abrogation du Mariage pour tous en 2015, et s’est récemment opposé à l'inscription de l'IVG dans la ConstitutionLaurence Garnier, secrétaire d'Etat à la Consommation, ne soutenait pas le mariage homosexuel, et a refusé en 2021 la création d'un délit sanctionnant les thérapies de conversion (qui imposent l'hétérosexualité aux personnes LGBT+). Elle aussi voté contre la constitutionnalisation du droit à l’avortement.

Et le listing peut durer longtemps : la ministre du travail Astrid Panosyan-Bouvet, elle, s’est montrée ouvertement transphobe en soutenant Dora Moutot et Marguerite Stern, autrices de Transmania proches de Reconquête, exprimant que là « où on nie les réalités scientifiques, c’est la société toute entière qui recule ». Triste ironie du sort, la ministre a failli être déléguée à la Famille, avant qu'Emmanuel Macron n'en dissuade Michel Barnier. Patrick Hetzel (à l’Enseignement supérieur), Othman Nasrou (secrétaire d'Etat chargé de la Citoyenneté et de la Lutte contre les discriminations), Alexandre Portier (chargé de la réussite scolaire et de l’enseignement professionnel) ou encore Annie Genevard (à l’Agriculture) figurent eux aussi parmi les profils les plus conservateurs des Républicains. 


Face à la menace, le monde associatif aux aguets 

Les réactions du monde politique, associatif et militant n’ont pas tardé à pleuvoir après l’annonce des noms. « Emmanuel Macron est en train de donner le pouvoir à des anti-IVG, des homophobes et des transphobes », a dénoncé la militante féministe Caroline de Haas sur X (ex-Twitter). L'association SOS Homophobie a pointé « un affront démocratique et humain pour l’égalité » et exhorté le Premier ministre à « des clarifications nécessaires » sur les droits des personnes LGBT+. 

Gabriel Attal, Premier ministre sortant ouvertement gay, s’est lui aussi montré inquiet en demandant à Michel Barnier des garanties sur « la PMA, le droit à l'IVG, les droits LGBT » lorsqu'il prononcera son discours de politique générale, le 1er octobre prochain. Du côté de la gauche incarnée par le Nouveau Front Populaire et de ses sympathisant·es, c’est une blessure supplémentaire à encaisser, après avoir été définitivement balayé du nouveau gouvernement, malgré leur victoire aux dernières élections législatives.