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Pourquoi les terrasses posent de plus en plus problème à Paris ?

undefined undefined 3 février 2025 undefined 18h00

Clémence Varène

La Chambre régionale des comptes (CRC) d’Île-de-France a publié ce mardi 28 janvier un rapport faisant état de la situation des terrasses dans la capitale. Un document d’une soixantaine de pages qui, loin de louer la présence des terrasses pourtant si agréables dans les rues de Paris, pointe plutôt du doigt toutes les limites de cette organisation, notamment auprès des riverains qui subissent parfois des débordements et des dégradations intempestives.


Le Covid, ou la renaissance des terrasses parisiennes

Après avoir été privés de sortie pendant des mois et des mois au moment de la crise sanitaire, à peine les restrictions levées, les Parisiens n’ont eu qu’une seule idée en tête : se retrouver au soleil, autour d’immenses tables, sur une terrasse, pour soutenir les commerces, profiter de l’air de Paris et retrouver un semblant de vie normale. Conséquence instantanée : la création de centaines de mètres carrés de terrasses éphémères un peu partout dans la capitale.

Une situation qui, si elle ne devait durer qu’un temps, a fini par non seulement perdurer, mais même se multiplier encore. Ainsi, entre 2018 et 2023, le nombre de terrasses a augmenté de 26,5%, et la surface occupée de 60%. Aujourd’hui, on compte donc plus de 22 800 terrasses dans Paris, occupant 244 328 m² (dont 45 000 pour les terrasses d’été, ouvertes d’avril à octobre), soit 2,44% de la surface totale des trottoirs parisiens. Et nous, sur le papier, ça nous met en joie.


Les riverains, premières victimes parisiennes

Seulement voilà, si vous, quand il s’agit d’aller boire un verre l’été à la sortie du bureau, vous êtes bien content d’avoir le choix, pour d’autres, la prolifération des terrasses est devenue un enfer au quotidien. Bruit, déchets, débordements de comportement, réduction de l’accessibilité des trottoirs, on ne compte plus les sources de mécontentement engendrées par ces espaces censés symboliser le partage et la convivialité.

Une situation qui pousse certains à bout, qui n’hésitent pas à signaler les excès à la Mairie de Paris, via les applications Dans ma rue et Solen, ou via le formulaire de contact de la Ville. Et au total, rien qu’entre le 1er janvier 2022 et le 30 juin 2023, ce sont 45 217 plaintes qui ont été déposées, pour occupation illégale de l’espace et pour nuisances sonores principalement. Un chiffre énorme, qui a été multiplié par 4,5 entre 2018 et 2023.


Les arrondissements les plus bruyants sont…

Sans grande surprise, c’est dans les arrondissements où le nombre de bars et de restaurants est le plus important que l’on observe le plus grand nombre de plaintes. Ainsi, Paris-Centre (soit les 1er, 2e, 3e et 4e) écope de 8 350 plaintes. Le 9e de 4 211, le 11e de 4 374, et tout en haut du podium, le 18e avec 4 872, tout ça toujours entre le 01/01/22 et le 30/06/23.

Dans la même logique, ces arrondissements font également partie des plus verbalisés. Seulement voilà, visiblement, ça ne change pas grand-chose puisque les amendes sont relativement peu chères (entre 35 et 135€). Seules 75 amendes de classe 5, à 1 500€, ont été distribuées en 5 ans, sur 72 000 PV au total. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que visiblement ce n’est pas très dissuasif, puisqu’en moyenne les terrasses référencées du 18e ont reçu chacune 11,7 PV sur la période étudiée.


Une solution difficile à trouver

La cause de ces débordements et de cette absence de changement selon les experts de la CRC ? Une réglementation de 67 pages, beaucoup trop complexe et difficile à appliquer. Résultat, la police n’intervient que dans 30 à 50% des cas de plainte, et parfois sans aucune conséquence. Pour conclure, force aux riverains, on espère pour vous que des solutions seront mises en place, mais s’il vous plaît, laissez-nous quand même nos terrasses.