Un bruit : le tonnerre d’applaudissements qui retentit alors que la scène vient tout juste d’être plongée dans le noir. Les quatre comédien·nes réapparaissent, s’inclinant émus face à un public conquis, nous ramenant lentement à la réalité après 1h30 d’une délicieuse effervescence. Une ovation méritée, laissant la magie du spectacle planer encore quelques instants et imprimant sur notre visage un sourire indéfectible. Depuis le 18 janvier dernier, les planches du Théâtre Tristan Bernard accueillent la pièce Numéro Deux, basée sur le roman éponyme de David Foenkinos, paru en 2022. Un ouvrage mêlant humour, émotion et bouleversement, que l'on a autant aimé que son adaptation théâtrale par Léonard Prain.
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Un spectacle énergique et captivant
1999. Le casting pour trouver le jeune homme qui interprètera Harry Potter au cinéma commence. Si des centaines de garçons le passent, seuls deux d'entre eux restent en lice en fin de course : Martin Hill et Daniel Radcliffe. Alors que ce dernier est finalement choisi pour incarner Harry, l'un des plus célèbres personnages du 7e art, le premier vit une lente descente aux enfers. Comment se construire en tant qu’adolescent et que jeune adulte en ayant vécu une telle déception ? Comment vivre normalement en étant quotidiennement confronté à ce Harry Potter – finalement considéré comme « celui dont on ne doit pas prononcer le nom » –, devenu véritable phénomène mondial, omniprésent où que l’on pose son regard ? Comment accepter d’être celui que le monde ne connaîtra jamais alors que l’on aurait pu devenir une star internationale ?
©Fabienne Rappeneau
C’est à travers une mise en scène haute en couleur et brillante d’ingéniosité, pensée par Sophie Accard, que l’histoire de Martin Hill se dévoile sous nos yeux. Pour incarner ce personnage principal accablé par la vie et les fâcheux « concours de circonstances », ce n’est autre qu’Axel Auriant. Avec son énergie et sa pétillance, ses lunettes rondes et son uniforme scolaire, il s'empare de la scène, nous laissant totalement captivés par le récit de ce "numéro deux". Tantôt inclus dans le récit, tantôt spectateur de sa propre histoire, le protagonsite déroule le fil conducteur de sa vie avec la plus grande des justesses.
Un quatuor de comédiens multi-rôles
Pour l’accompagner, trois comédien·nes à la versatilité bluffante. Trois, pour interpréter une multitude de personnages. Aussi discrets que s’ils portaient une cape d’invisibilité, ils enchaînent les rôles avec humour et sans le moindre faux pas. Serge Da Silva se prête ainsi au jeu du journaliste aux propos déplacés, du beau-père malsain et violent ou encore du producteur qui fait basculer la vie de Martin, tandis que Pierre Bénézit prête ses traits au père de Martin, au demi-frère rebelle et sans cœur, ou au meilleur ami sur lequel on peut compter. Valentine Revel-Mouroz, elle, se glisse dans la peau de la mère de Martin, de la directrice de casting, de J. K. Rowling, ou encore de la petite amie qui permet à Martin de tourner la page, avec une aisance presque déroutante. Une succession rapide qui sert le dynamisme de la pièce, sans jamais perdre les spectateur·rices.
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Tous les quatre évoluent dans un décor tout aussi caméléonesque. D’un appartement de famille londonien au Louvre en passant par un club britannique et un plateau de tournage... La scène change d'allure en un coup de baguette magique, assurant qu'aucune partie de l’ouvrage de Foenkinos ne soit laissée pour compte. Une adaptation d’une remarquable précision que l’on ira revoir sans la moindre hésitation.
Numéro Deux
Théâtre Tristan Bernard
64, rue du Rocher – 8e
Du mardi au samedi
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